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Billet de comportement
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Billet de comportement
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5 juin 2009

Michel Tremblay

Si vous avez suivi un peu ce blog tout au long de l'année, vous vous rappelez certainement de MoetEtChandon, qui avait du nous quitter en cours d'année pour cause de déménagement imminent. Eh bien, la voici de retour, et accompagnée de pas n'importe qui, mais bien de son idole de tous les Temps, Michel Tremblay. Ci-joint un extrait de l'interview réalisée le mois passé...

Pour moi, un monument. Pour vous, je ne sais pas. Honnêtement, je ne connais pas beaucoup de gens qui le connaissent ou qui connaissent son œuvre.
Alors le 18 mai fut peut-être un jour ordinaire pour vous, mais pour moi, ce fut la concrétisation d’un rêve fou : une rencontre avec mon idole.
Fan-finie de Tremblay, je me suis donc rendue au restaurant le Fameux le cœur bondissant et l’estomac vide.

Je me suis assise sur le banc de cuirette rouge pendant une heure, mais je crois que mes traces d’ongles y sont encore.

L’entrevue a commencé sur la commande d’un smoked-meat pour lui et rien pour moi (je ne pourrai rien avaler avant une heure et demi encore).

M&C: Pourquoi ne pas écrire sur le monde d’aujourd’hui?

MT: Parce que j’ai 67 ans. C’est à vous de le faire, pas à moi. Je n’ai pas envie de faire vieillir mes personnages, au contraire, je les rajeunis. Comme mes livres, je sais comment ça a fini, et j’essaie de trouver comment c’était avant. J’ai souvent dit que quand tu es jeune, tout est la faute des autres, sauf la tienne. Tu accuses la société et telle chose marche mal à cause de telle raison et bon, en vieillissant, tu arrêtes de juger et tu te poses des questions toi-même. C’est un peu ce qui m’est arrivé, tu regardes les cahiers de Céline, par exemple, j’ai voulu écrire trois livres qui se passait exactement à la même époque que les Belles-Sœurs. Mais qu’au lieu d’être des femmes qui se plaignaient comme c’était dans les belles-sœurs, comme moi j’étais plus vieux et que j’avais compris des choses, j’ai décidé de donner une clé à une personne marginale. Je lui ai donné le cadeau de l’écriture. Ça fait que pendant qu’il y a Marie-Louise, qu’il y a les Belles-Sœurs, qu’il y a En Pièces Détachées, tous ces personnages là qui souffrent, y’a en parallèle, maintenant, trois livres qui se portent à la même époque où quelqu’un réussi à s’en sortir et à s’exprimer. Pour ce qui est de maintenant, je viens d’écrire une pièce – en fait, je viens pas de l’écrire, elle va être crée en octobre – c’est un petit gars de 16 ans aujourd’hui, mais là où ça se passe pas complètement aujourd’hui, c’est qu’il est en amour avec un petit garçon de 16 ans, en 1958. Alors ils s’aiment à travers le temps. Ce qui fait que j’ai étudié, parallèlement la réaction des parents en en 2008 et en 1958. Et il n’y a pas tellement de différence, la société à changée collectivement, mais pas nécessairement individuellement. Ça fait que les parents aujourd’hui qui acceptent l’homosexualité de leur fils sont peut-être pas plus capable d’en parler et de l’aider à s’accepter plus qu’en 58. En 58, c’est le silence total, aujourd’hui, les parents veulent parler avec leur enfant, mais ils ne sont pas plus capable… c’est une pièce qui va s’appeler «Plus que ça change, plus que c’est pareil.» Mais c’est le plus moderne où je peux aller, parce qu’écrire votre génération… c’est pas à moi à le faire.

C’est une question d’honnêteté devant le fait que quand on vieillit, on s’éloigne de plus en plus des autres générations. Je trouve qu’il n’y a rien de plus triste qu’un artiste qui veut absolument avoir l’air jeune. Ça me fait mourir, j’hais ça. Mais pas avoir l’air jeune physiquement, mais qui veulent faire jeune et nouveau. Moi, je ne suis pas jeune et pas nouveau, ça fait 40 ans que je suis là, alors ça ne me donne rien d’essayer de me déguiser en jeune : je ne le suis pas. Alors tout ce que je demande, c’est qu’on me laisse terminer ce que j’ai commencé.

M&C: Et la séparation du Québec? Êtes-vous souverainiste?

MT: Oui, bien sûr. Mais, quand on pose cette question-là, j’ai l’impression d’être un dinosaure… J’pense que je suis souverainiste à l’ancienne façon. C’est-à-dire que,quand on a commencé, dans les années 60, à vouloir un pays, l’économie importait, mais importait moins que maintenant. C’est-à-dire, on voulait un pays par fierté d’avoir un pays francophone en Amérique du Nord, c’était d’abord ça. Et ça, ça a disparu maintenant, c’est plus une question de gros sous. «Ottawa veut mes milliards et Ottawa me doit mes milliards». Je trouve que ça pris une avenue pas que j’aime moins, mais qui m’intéresse moins. Je me dis que, ça doit être une des preuves que ceux qui l’ont vécu disent que c’était un beau rêve que l’ont n’a pas réalisé, mais je pense que c’est ça qu’ils veulent dire. Ce n’était pas une question économique, c’était une question de fierté. Donc, dans ce sens-là, oui, j’aimerais pouvoir dire que l’on vit dans un pays, le seul pays, le seul représentant officiel de la langue française en Amérique du Nord. J’avais dit ça à «Tout le monde en parle», l’année passée, c’est que, des fois j’ai l’impression que les gens veulent un pays contre Ottawa. Moi, je voulais un pays pour moi, je voulais pas un pays contre les autres. C’est peut-être vrai qu’on était des rêveurs…

L’entrevue, disons, la conversation, à durée une heure trente-quatre précisément. Ce ne sont que quelques uns des sujets que nous avons abordés, ce sont les plus pertinents.
Les autres sujets tournaient aux alentours de la vie en général, des moments de bonheur, des projets à venir et même du souper auquel il était invité ce soir-là.
Pendant tout ce temps, un photographe – de talent - nous avait mitraillés de sa lentille. À la fin de l’heure, il nous a demandé de marche jusqu’à la station Mont-Royal, pour prendre quelques autres photographies. C’est, je pense, le temps où on a le plus rigolé. On s’est moqué des e-mails à saveurs grivoises, des propositions d’agrandir ses bijoux de familles, les offres de rôle dans des films pornographiques.

Qu’il le veule ou non, Michel Tremblay est un homme de notre temps. Le monde actuel le poursuit jusque dans son cellulaire...

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